Canal de Sète au Rhône : Odyssée Fluviale ou Purgatoire Hydrique?

28 Jun 2024
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Emil

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Ah, le canal de Sète au Rhône... Ce serpent d'eau douce qui serpente sur 190 kilomètres, reliant la Méditerranée au puissant fleuve roi, ne manquera pas de vous surprendre. Enfin, « surprendre » est un bien grand mot. Disons plutôt qu'il ne vous laissera pas indifférent, entre fascination pour son ambition démesurée et perplexité face à son utilité discutable.

Imaginez un peu : 141 ouvrages d'art, dont le mythique tunnel de Malpas, long de 821 mètres, et pas moins de 10 écluses pour franchir un dénivelé vertigineux... de 127 mètres ! On parle d'un chantier titanesque, entamé sous Louis XIV et achevé en 1811, après des décennies de sueur, de larmes et probablement quelques jurons bien sentis. On se demande bien ce qui a pu passer par la tête de nos ancêtres pour se lancer dans une telle aventure.

L'objectif initial était pourtant louable : créer une voie navigable pour désenclaver le Languedoc et faciliter le transport des marchandises entre l'Atlantique et la Méditerranée. Fini le périlleux passage par le détroit de Gibraltar, place à une paisible croisière fluviale ! Enfin, paisible… sur le papier. Car entre les bancs de sable, les variations de niveau d'eau et la concurrence féroce du chemin de fer, le canal de Sète au Rhône a eu bien du mal à trouver sa place.

Aujourd'hui, force est de constater que le trafic commercial est plutôt clairsemé. Quelques péniches téméraires s'aventurent encore sur ses eaux chargées d'histoire, transportant principalement des céréales, des matériaux de construction et… des touristes. Eh oui, car le canal de Sète au Rhône est devenu, malgré lui, une destination touristique prisée. Allez comprendre.

Alors, prêt à larguer les amarres et à vous laisser porter par le courant (ou plutôt par l'absence de courant) ? Enfourchez votre vélo, louez un bateau sans permis ou chaussez vos baskets les plus confortables : le canal de Sète au Rhône n'attend plus que vous ! Mais attention, on ne vous promet pas que ce sera de tout repos…

L'héritage de Riquet et les défis modernes

Difficile de parler du canal de Sète au Rhône sans évoquer son illustre prédécesseur, le canal du Midi, conçu par le génial Pierre-Paul Riquet au XVIIe siècle. Les deux canaux sont indissociables, formant un trait d'union aquatique entre l'Atlantique et la Méditerranée. Un exploit technique remarquable pour l'époque, qui force le respect, même si l'on peut s'interroger sur la pertinence économique de tels ouvrages à l'ère du transport aérien et des autoroutes.

Trois raisons de (tenter de) profiter du canal de Sète au Rhône :

Le calme plat : Oubliez le stress de la vie moderne et laissez-vous bercer par le clapotis de l'eau et le chant des cigales (quand elles sont coopératives). Un véritable havre de paix… si vous parvenez à ignorer le bruit des moteurs de péniches et les cris des enfants surexcités sur les bateaux de location.
Des paysages pittoresques : Entre vignobles, villages perchés et vestiges romains, le canal de Sète au Rhône vous offre un véritable voyage dans le temps et dans l'espace. Enfin, un voyage… disons plutôt une promenade. À moins que vous ne soyez un adepte du marathon fluvial, car la vitesse moyenne sur le canal avoisine les 5 km/h.
Une faune et une flore exceptionnelles : Hérons cendrés, ragondins, carpes et autres habitants des zones humides vous attendent au détour d'un méandre. Un véritable paradis pour les amateurs d'ornithologie et de biodiversité… si tant est qu'ils ne soient pas trop regardant sur la clarté de l'eau.

Conseils avisés pour une navigation (presque) sereine :

Prévoyez des provisions en quantité suffisante, les restaurants gastronomiques se font rares le long du canal.
Armez-vous de patience, les écluses sont nombreuses et les temps d'attente peuvent être longs. L'occasion idéale de perfectionner votre bronzage ou votre jeu de cartes.
N'oubliez pas votre anti-moustiques, ces charmantes petites bêtes raffolent des plaisanciers naïfs.

En conclusion, faut-il vraiment s'infliger le canal de Sète au Rhône ?

Difficile de donner une réponse tranchée. D'un côté, on a envie de saluer la prouesse technique et historique que représente ce canal. De l'autre, on ne peut s'empêcher de penser qu'il existe des moyens plus rapides, plus confortables et probablement plus écologiques de voyager entre l'Atlantique et la Méditerranée. Si vous êtes en quête d'aventure, d'un retour aux sources et que le temps ne vous est pas compté, alors lancez-vous ! Mais ne venez pas vous plaindre si vous vous retrouvez bloqué pendant des heures derrière une péniche chargée de gravier, en plein cagnard, sans une once d'ombre à l'horizon.